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Atelier de lecture du Département de philosophie : La lecture comme scandale

Publié le 13 octobre 2015 Mis à jour le 13 mars 2018

Si Michaël Fried a pu définir la modernité en peinture à partir de la mutation de la « place du spectateur », mutation initiée en France par Diderot, radicalisée par Courbet et parachevée par Manet, nous voudrions montrer comment une modernité analogue s’est introduite dans la littérature avec la mutation radicale de la « place du lecteur ». Le séminaire n’empruntera pas la voie d’une analyse généalogique, il présentera plutôt divers coups de sonde.

Date(s)

du 20 octobre 2015 au 24 mai 2016

17h30-19h30
Lieu(x)

Bâtiment Paul Ricoeur (L)

 Salle L421
Deux régimes de lecture seront d’emblée écartés : 1) la lecture qui fait du lecteur un reflet imparfait du texte, sa paraphrase lacunaire et 2) la lecture qui réduit le texte à un ensemble de propositions ou de thèses que le lecteur lirait à contresens ou en y résistant, dans la perspective d’un débat d’idées. Le type de lecture « moderne » (sans doute initié par Diderot, du moins en France), qui nous intéressera cette année est en revanche celui qui concerne le lecteur en tant que le texte l’intègre à un procès de transformation : le lecteur, sans être un agent passif, est pensé comme susceptible de se métamorphoser sous l’effet de sa propre lecture. Ou pour le dire en d’autres termes, le lecteur comme produit de sa propre lecture, c’est-à-dire construit tout à la fois par le texte lui-même et par ce que nous pourrions indiquer comme un rapport de lecture – une forme de relation qui engage une dimension constituante. « Qu’est-ce que la lecture quand le rapport du lecteur au texte est tellement bouleversé que c’est le texte qui finit par lire le lecteur ? » interroge Pierre Madaule. Le séminaire aura donc pour fin principale d’inverser le rapport de lecture : le texte lit le lecteur et le produit. Le lecteur est en fin de compte ce que le texte construit. Cette inversion n’est peut-être pas sans lien avec le choix que fit Henri Beyle de son nom de plume – Stendhal, destiné à consonner avec « scandale ».

PROGRAMME

Mardi 20 octobre 2015 : Séance d’introduction par Judith Revel et Michèle Cohen-Halimi

Mardi 17 novembre 2015 : Hubert Tardy-Joubert « Une morale d'écrivain : lecture et liberté selon Sartre »

Mardi 15 décembre 2015 : Peter Szendy « Politiques de la lecture : le lecteur e(s)t le Léviathan »

Mardi 16 février 2015 : Michèle Cohen-Halimi « Stendhal pour comprendre le concept nietzschéen de "pathos de la distance" »

Mardi 29 mars 2015 : Etienne Balibar « Lire Spinoza : à quelle vitesse ? » et Bernard Pautrat : « Sous l'emprise de l'Éthique »

Mardi 5 avril 2015
: François Sebbah « Figurer, excrire, lire »

Mardi 24 mai 2015
: Anne Sauvagnargues « Métaphore ! »

Mis à jour le 13 mars 2018