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Philosophie française et philosophie analytique au XXe siècle

Publié le 29 janvier 2015 Mis à jour le 13 mars 2018
Date(s)

le 3 avril 2015

24 octobre, 5 décembre, 30 janvier, 6 mars, 3 avril, 22 mai
Lieu(x)
Salle Pasteur, Ecole normale supérieure, 45, rue d’Ulm – 5e Paris

PROGRAMME 2014-2015 

Vendredi 24 octobre 2014, 17h-19h

Elie DURING (IREPH, Université Université Paris Nanterre)

Qu’est-ce qui n’existe pas ?

La question de l’inexistence (distincte de celle du néant ou du non-être) traverse toute la philosophie française contemporaine, selon différentes modalités et sous différents vocables : l’imperceptible, l’indiscernable, la différence évanouissante, l’inexistant de la situation, le non-donné, etc. Deleuze, Derrida, Badiou, Lyotard : chacun reconnaîtra les siens. Une double généalogie kantienne (critique de l’argument ontologique, table du rien) et hégélienne (doctrine de l’existence ou « être-là ») permet de comprendre la persistance de ce thème et ses principales variations. De son côté, la métaphysique analytique hérite d’une procédure d’identification des engagements ontologiques par le moyen de la quantification existentielle, identification qui se paie d’une réduction ou d’une élimination des positions d’inexistence : ce traitement abrasif trouve sa première formulation chez Russell (1905), avant d’être repris par Quine (en mode méta-ontologique) dans son célèbre article de 1948 « On what there is », avec pour effet principal une polarisation de l’attention sur le problème des objets inexistants. À la question « Qu’est-ce qui n’existe pas ? », il faut répondre résolument : « Rien ». Nous voudrions engager un dialogue oblique entre les deux traditions pour dégager les conditions d’une pensée de l’inexistant qui ne soit pas d’emblée indexée à la catégorie d’objet. Deux pistes seront explorées en priorité : la théorie frégéenne du sens (réfractée dans les œuvres de Deleuze et de Lyotard) et la doctrine des modes d’existence (Souriau).

Vendredi 5 décembre 2014, 17h-19h

Denis FOREST (IREPH, Université Université Paris Nanterre - IHPST, Paris)

Qu’appelle-t-on « épistémologie française » ? Réflexions sur Canguilhem et les philosophies de la tradition analytique

Dans leur introduction au recueil L’épistémologie française 1830-1970 (Puf, 2006), Michel Bitbol et Jean Gayon écrivent : « L’épistémologie française est le nom d’une tradition de pensée délibérément hétéroclite qui a toujours affirmé, sinon l’unité théorique, du moins la solidarité de problèmes que d’autres traditions tendent à dissocier ». « Tradition de pensée », l’épistémologie française se définirait par une famille d’œuvres et des figures marquantes, mais aussi par une manière de procéder (ou de ne pas procéder) qui serait différente de celles qu’on rencontre en particulier dans le monde anglo-saxon. Deux questions sont alors : la différence entre les méthodes est-elle nécessairement une différence entre les thèses défendues par les philosophes de chacune de ces traditions ? Et s’il y a un moment historique de l’épistémologie française, ce qui fait l’identité de celle-ci est-il de nature à l’opposer à d’autres types de philosophie d’une manière persistante, ou seulement à une certaine date, l’évolution ultérieure des traditions et des pratiques hors de l’espace français révélant que les différences ne doivent pas toujours être substantialisées ?  J’aborderai ces questions en revenant sur trois problèmes centraux de la philosophie de Georges Canguilhem, la question de la relation entre philosophie des sciences et histoire des sciences, le statut du mécanisme en biologie, et la question de la santé en philosophie de la médecine. A une époque, la nôtre, où la philosophie des sciences a plus d’une fois redécouvert l’histoire des sciences, où le mécanisme est interrogé à nouveaux frais, et où des positions proches de celle de Canguilhem sont exprimées en philosophie de la médecine dans la langue de la philosophie analytique de l’action, nous pouvons relire Canguilhem en veillant à éviter les illusions rétrospectives, mais aussi les guerres de tranchées qui n’ont plus lieu d’être. 

 

Vendredi 30 janvier 2015, 17h-19h

Jean-Claude DUMONCEL (Université de Caen)

Deleuze dans les mondes possibles

« Autrui, c’est un monde possible ». Par cette proposition, après avoir aidé P. M. Schuhl à corriger les épreuves de son livre Le Dominateur et les possibles, Deleuze devient un de ceux qui ont repoussé les limites de la logique modale, et sa percée vient s’inscrire naturellement dans la mutation qui la travaille en ce moment. Après avoir narré la manière dont la logique modale s’est mathématisée dans la logique du temps d’A. N. Prior en superposant Diodore Cronos et Thomas d’Aquin avec la complicité de P. T. Geach, on expliquera cette mathématisation « à la mode d’Amsterdam » de J. van Benthem, popularisée par P. Blackburn, et on montrera comment, pour les mondes possibles deleuziens, elle offre le cadre d’une carrière illimitée.

Vendredi 6 mars 2015, 17h-19h

Laurence KAHN (Association Psychanalytique de France)

A propos de deux traitements de la réalité en psychanalyse

Il est beaucoup dit que la psychanalyse devrait abandonner sa prétention à la scientificité, moderniser sa conception de la communication, renoncer une bonne fois à parler le langage des causes alors que sa vocation, en appui sur les motifs, est de comprendre. Cette tendance, largement répandue dans la psychanalyse américaine se donne à elle-même le nom de psychanalyse postmoderne. L’on y voit l’intersubjectivisme s’articuler étroitement avec la pointe fine du relativisme et le scepticisme du constructivisme s’allier aux pouvoirs de la « résonnance affective », cette voie d’accès au « soi intime » étant largement privilégiée.

Quelles sont les conséquences théoriques et pratiques d’une telle perspective ?  En considérant que la métapsychologie freudienne s’appuie sur un « essentialisme » qui précipite la psychanalyse dans les errements de la métaphysique, c’est en fait la fonction économique des « intensités » et les jeux scandaleux du langage qui se voient déboutés du rôle que leur conférait Freud dans le fonctionnement psychique. De même, quelles répercussions peut avoir la proposition de remplacer l’attention flottante, sa méthode, par la contextualisation ? Dans un débat, où ont été recrutés Dilthey et Wittgenstein ainsi que Ricœur, mais aussi, assez paradoxalement, la French theory – en particulier Derrida, Foucault et Lyotard –, l’enjeu serait de parvenir à s’émanciper du despotisme de la vérité, l’énergie psychique semblant n’être plus indispensable qu’aux velléités explicatives de la « pseudo-science » psychanalytique. Ce faisant, l’usage de l’efficacité intersubjective – lorsqu’elle fait corps avec une conception simplifiée de l’empathie, lorsqu’elle est maillée dans le champ « conversationnel » et rapportée à la « narration de soi », lorsqu’elle est hâtivement ajustée au pouvoir mutatif de la fiction – ne tend-il pas premièrement à réduire l’intraitable dans une mesure commune de l’échange ?

 

Vendredi 3 avril 2015, 17h-19h 

Juan Luis GASTALDI (IREPH, Université Université Paris Nanterre)

Les conditions d’une logique du sens. Frege vs Russell et la double articulation des signes numériques

Description : La question du sens comme catégorie philosophique fondamentale fait son apparition dans la logique moderne avec l’œuvre de Frege. Si le paradoxe de Russell a mis en échec le projet d’une logique du sens, les raisons de cet écueil sont restées largement dissimulées derrière le succès de la philosophie russellienne. Partant des raisons pour lesquelles Frege a invariablement refusé la solution russellienne, il s’agira de dégager les conditions pour qu’une véritable logique du sens puisse trouver une place dans le cadre de la logique contemporaine. Il apparaîtra que ces conditions font valoir à l’intérieur de la réflexion logique une dimension sémiotique pouvant interpeller la tradition structurale associée à la philosophie française contemporaine. 

Vendredi 22 mai 2015, 17h-19h

Brice HALIMI (IREPH, Université Université Paris Nanterre - IHPST, Paris)

Nécessité et actualité chez Kripke

La logique des noms propres de Saul Kripke est d'abord une réflexion sur la notion de nécessité, à l'aide de celle de monde possible. Pour autant, cet ouvrage reconnaît un statut spécial au monde actuel, et ne le considère pas comme un monde possible parmi d'autres. Il ne le considère pas davantage comme un contexte d'interprétation parmi d'autres : Kripke s'oppose en cela à la sémantique dite « bidimensionnelle » des modalités qui a été proposée pour l'analyse des énoncés que La logique des noms propres tient pour à la fois nécessaires et a posteriori. Après avoir détaillé les différents points préalables, on discutera la valeur attribuée à ces énoncés, en dégageant l'idée de monde de référence.  

Partenaires :
République des Savoirs / Ciepfc (USR 3608)
Ireph (EA 373) - Université Université Paris Nanterre

Organisation : Elie During et Jean-Michel Salanskis

Mis à jour le 13 mars 2018