« De la philosophie à l’organologie, et au-delà ? Penser le devenir des savoirs dans l’exosomatisation numérique » Colloque d’hommage à la pensée de Bernard Stiegler

Argumentaire

En 1982, François Châtelet, Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye et Dominique Lecourt présentaient au ministre de la Recherche et de l’Industrie un rapport pour la fondation d’un Collège International de Philosophie. Il s’agissait alors de déplacer « le rapport entre la philosophie et les savoirs tel qu’il s’[était] fixé dans le modèle de l’institution universitaire qui [dominait] en Occident depuis le début de l’âge industriel », en faisant dialoguer les différentes disciplines académiques dans une perspective « interscientifique », sans abandonner pour autant les questionnements philosophiques et épistémologiques.

Trente ans plus tard, dans un livre intitulé États de choc. Bêtises et savoirs au XXIème siècle et publié en 2012, Bernard Stiegler reprend ce projet d’« interscience », qu’il propose d’articuler avec une perspective organologique. L’ « organologie générale » proposée par Stiegler désigne alors une « nouvelle organisation des relations entre les disciplines », fondée sur une pensée des relations entre organismes psychosomatiques, organes techniques et organisations sociales. Un nouveau projet transdisciplinaire voit ainsi le jour, qui assume à la fois la constitutivité technique de l’existence humaine et la condition artefactuelle des savoirs rationnels - deux questions devenues essentielles à une époque où domine l’idéologie transhumaniste et s’annonce la « fin de la théorie ».

Quarante ans après le rapport pour la fondation du Collège International de Philosophie, dix ans après sa réinterprétation par Bernard Stiegler, dans un contexte pandémique qui a mis les technologies numériques au cœur du débat public, nous tenterons d’interroger les enjeux philosophiques, épistémologiques et politiques du paradigme « organologique », à travers un colloque interscientifique. Nous ferons ainsi dialoguer la pensée organologique avec différents champs théoriques (depuis la théorie de la connaissance jusqu’à la théorie politique, en passant par l’esthétique, la psychanalyse, la biologie ou la technologie), afin d’explorer les deux questions suivantes :

• en quoi la prise en compte de l’exosomatisation dans le « devenir humain » implique-elle de renouveler les théories philosophiques ou scientifiques contemporaines ?
• en quoi les mutations technologiques actuelles affectent-elles la pratique des savoirs, la vie psychique des individus et la vie collective des sociétés ?
   

Programme

20 JUIN

Université Paris Nanterre
Bâtiment Max Weber
Salle des Conférences

Enjeux philosophiques et esthétiques de l’organologie dans le contexte de la « post-vérité » et des médias numériques

9h – 12h30 

Philosophie et organologie : vers une philosophie « exotranscendantale »  à l’époque de la « post-vérité » ?
Philosophy and organology : towards an « exotranscendental » philosophy in the post-truth era ?

Intervenants : Anne Alombert, Michaël Crevoisier, Michal Krzykawski, François-David Sebbah.

14h – 17h30 

Esthétique et organologie : vers une « organologie du sensible » à l’époque des médias numériques ?
Esthetics and organology : towards an organology of sensibility in the era of digital media ?

Intervenants : Pierre Cassou-Noguès, Noel Fitzpatrick, Igor Galligo, Erich Horl, Susanna Lindberg.

21 JUIN

Université Paris 8
Maison de la Recherche
Salle MR002

Penser l’exosomatisation et l’exomémorisation : les sciences de la vie et les sciences de l’esprit à l’épreuve de l’organologie

9h – 12h30 

Les sciences de l’esprit et du cerveau à l’épreuve de l’organologie : les enjeux de l’« exomémorisation » pour la psychanalyse, la psychologie, les sciences cognitives et les neurosciences
The organology of the brain and the organology of the spirit : the consequences of « exomemorisation » for psychoanalysis, psychology, cognitive sciences and neurosciences

Intervenants : Isabelle Alfandary, David Bates, Tania Espinoza, Gerald Moore, Simon Woillet.

14h – 17h30 

Les sciences du vivant à l’épreuve de l’organologie : les enjeux de l’« exosomatisation » pour les sciences et les philosophies du vivant
The organology of the living : the consequences of « exosomatisation » for philosophy of life, life sciences, biology, and epistemology

Intervenants : Elise Lamy-Rested, Giuseppe Longo, Maël Montévil, Francesco Vitale.


 

22 JUIN

Université Paris 8
Maison de la Recherche
Salle MR002

Enjeux politiques, technologiques, écologiques de l’organologie : localités et diversités à l’épreuve des « télé-technologies »

9h – 12h30 

Sociétés automatiques et « gouvernementalité algorithmique » : enjeux politiques, économiques et juridiques de l’organologie
Automatic societies and « algorithmic governmentality » : the consequences of organology in the fields of economy, politics and law

Intervenants : Sara Baranzoni, Antoinette Rouvroy, Daniel Ross, Paolo Vignola,

14h – 17h30 

Localités, milieux, diversités à l’épreuve des « télé-technologies » : enjeux écologiques et technologiques de l’organologie
Localities, milieu and diversity face to « tele-technologies » : the consequences of organoloy in the fields of ecology and technology

Intervenants : Jean-Hugues Barthélémy, Héctor G. Castano, Ludovic Duhem, Yuk Hui, Pieter Lemmens,