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Colloque international « L’invisibilité sociale en question » (IRePh, Sophiapol)

Publié le 21 décembre 2021 Mis à jour le 7 janvier 2022

Organisation : Camille Ferey, Emmanuel Levine, Zacharias Zoubir

Date(s)

du 13 janvier 2022 au 14 janvier 2022

Lieu(x)

à distance

Argumentaire

 

Depuis les premières études sur l’invisibilité en psychologie sociale (Clifford, 1963), en sociologie de la marginalité et du travail (Barel, 1982 ; Daniels, 1987), dans les études féministes (Collins, 1986 ; Crenshaw, 1989), les études critiques sur la race (Williams, 1991) ou les études queer (Sedgwick, 1991), cette notion a connu un succès toujours grandissant dans l’ensemble des sciences sociales. Ces usages n’ont pourtant pas toujours accompagnés d’efforts de définition ou de problématisation (Beaud (dir.), 2008 ; Rosanvallon, 2014). Dans le même temps, le vocabulaire de l’invisibilité est devenu l’instrument privilégié d’une multiplicité de groupes et de mouvements sociaux partout dans le monde pour exprimer leurs revendications politiques et faire reconnaître leurs droits, leur activité, leur identité ou leur existence (songeons récemment aux mouvements Black Lives Matter, #MeToo et aux Gilets Jaunes en France). De manière symptomatique, des institutions et organismes gouvernementaux (ONPES, 2016) en ont fait le concept le plus opératoire pour décrire les inégalités et injustices sociales actuelles. En philosophie et en épistémologie des sciences sociales (Le Blanc, 2009 ; Faes (dir.), 2013), le soubassement théorique de ces usages scientifiques et politiques a été et reste le plus souvent la théorie de la reconnaissance d’Axel Honneth (2004). Ce dernier définit l’invisibilité sociale comme un déni de reconnaissance, comme un défaut de perception et d’évaluation de la valeur positive de certains individus. La théorie de l’intersectionnalité qui apparaît dans deux articles fondateurs de Kimberlé Williams Crenshaw (1989 ; 1991) fait de l’invisibilité le symptôme d’une incapacité des sciences sociales, des systèmes juridiques et des luttes sociales à tenir compte de l’intrication de multiples discriminations que subissent certains individus. Ces deux modèles, la reconnaissance et l’intersectionnalité, servent d’arrière-fond aux discours scientifiques et militants sur l’invisibilité sociale, faute de mieux. En effet, aucune théorie critique de l’invisibilité sociale, capable de compléter ou de concurrencer ces deux paradigmes, n’a à ce jour été formulée. À partir des travaux qui ont été menés à la suite des travaux de Honneth et de Crenshaw, et depuis d’autres traditions philosophiques (phénoménologie, théories contemporaines de la justice, théories critiques de la race, études féministes et postcoloniales), ces deux journées de colloque entendent 1/ réexaminer la notion d’invisibilité sociale et ses difficultés propres (et notamment son caractère métaphorique et analogique), 2/ rendre raison de la multiplicité de ses usages en sciences sociales et dans les discours militants contemporains et, enfin, 3/ évaluer la pertinence heuristique de la théorie honnethienne de la reconnaissance et des théories de l’intersectionnalité pour décrire et critiquer l’ensemble des phénomènes actuels d’invisibilité sociale.
 

Programme
 

 

Journée 1 : Vers une épistémologie de l’invisibilité sociale


10h-10h15 : Accueil des participants et introduction
- Camille Ferey (Univ. Paris-Nanterre, Sophiapol)
- Emmanuel Levine (Univ. Paris-Nanterre, IRePh)
- Zacharias Zoubir (Univ. Paris-Nanterre, Sophiapol)

10h15-11h30 : L’invisibilité sociale à la croisée des champs
Modération : Pierre Niedergang (Univ. Paris-Nanterre, IRePh)



- 10h-10h45 : Guillaume Le Blanc (Univ. de Paris, LCSP), « Éléments pour une théorie de l’invisibilité sociale »
- 10h45-11h30 : Kim Sang Ong-Van-Cung (Univ. Bordeaux Montaigne, SPH), « “La souffrance est le négatif d’un besoin nouveau”. L’invisibilité sociale est-elle un problème moral, éthique ou politique ? »
- 11h30-12h : Discussion

11h30-13h30 : Déjeuner

13h30-15h : De quoi l’invisibilité sociale est-elle le nom ? Concept, métaphore et ambiguïté
Modération : Valentina Santoro (Univ. Paris-Nanterre, Sophiapol)

- 13h30-14h15 : Olivier Voirol (Univ. de Lausanne, LACCUS), « Voir comme un dominant. L’invisibilité sociale et l’emprise des habitudes »
- 14h15-15h : Emmanuel Renault (Univ. Paris-Nanterre, Sophiapol), « Invisibilité et inaudibilité. Sur la portée des métaphores visuelles et auditives de l’ignorance sociale »
- 15h-15h30 : Discussion

15h30-16h : Pause

16h-18h : (In)visibilité sociale : catégorie, matrice, processus
Modération : Zacharias Zoubir (Univ. Paris-Nanterre, Sophiapol)

- 16h-16h45 : Andrea Mubi Brighenti (Univ. de Trente), « L’invisible dans la constitution de la vie sociale » – à distance
- 16h45-17h30 : Magali Bessone (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ISJPS), « Le racisme comme matrice d’invisibilisation » – à distance
- 17h30-18h : Discussion

 

Journée 2 :  L’invisibilité sociale, aujourd’hui : paradigmes, critiques et usages

 
10h15-10h30 : Accueil des participants
 
10h30-12h : Table ronde 1 : Invisibilité et reconnaissance
Modération : Cécile Lavergne (Univ. de Lille, STL)
Texte : Axel Honneth, « Invisibilité : sur l’épistémologie de la “reconnaissance” » (2004)
 
12h-14h : Déjeuner
 
14h-15h30 : Table ronde 2 : Invisibilité et intersectionnalité
Modération : Pauline Vermeren (Univ. de Paris, LCSP)
Texte : Kimberlé Williams Crenshaw, « Cartographier les marges : intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur » (1991)
 
15h30-16h : Pause
 
16h-17h
: Conférence de Lewis Gordon (Univ. du Connecticut), « Beyond Recognition » – à distance
 
17h-17h30 : Remarques conclusives
-          Camille Ferey (Univ. Paris-Nanterre, Sophiapol)
-          Emmanuel Levine (Univ. Paris-Nanterre, IRePh)
-          Zacharias Zoubir (Univ. Paris-Nanterre, Sophiapol)
 

Mis à jour le 07 janvier 2022