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Le réalisme scientifique à l’aube du XXème siècle

Publié le 9 décembre 2021 Mis à jour le 10 décembre 2021

Organisation : Quentin Serot, Brice Kodjio

Date(s)

du 2 décembre 2021 au 3 décembre 2021

de 9h à 17h
Lieu(x)
Université Paris Nanterre,
SALLE R06, BÂTIMENT DE
LA FORMATION
CONTINUE
 

Présentation

 

Pour Heisenberg, ce qui caractérise la physique du 19eme siècle, c’est une certaine image intuitive,
naïve du monde réel. Au sein du paradigme moderne de la science physique, la nature est pensée comme
une entité qui existe indépendamment de l’activité de l’esprit scientifique et il s’agit, pour ce même esprit,
de décrire mathématiquement l’évolution des constituants de matière qui tapissent le monde physique. Pour
ce théoricien de la physique, à l’aube du 20eme siècle, l’émergence de la mécanique quantique et de la
physique de la relativité vient mettre fin à cette image intuitive de l’objet scientifique : dorénavant, il ne
s’agit plus de décrire l’objet de nature, ce dernier n’est plus donné à l’esprit, mais il est construit, travaillé
dans l’espace du rapport entre l’observation technique et le phénomène matériel. Comment la philosophie
peut-elle alors appréhender le contenu de cette physique nouvelle ? Pour Bachelard, prendre acte de ces
révolutions, c’est-à-dire, conférer à la science contemporaine la métaphysique qu’elle mérite, suppose de «
substituer aux métaphysiques intuitives et immédiates les métaphysiques discursives objectivement
rectifiées ». Les concepts qui s’ancrent dans l’intuition immédiate doivent être dialectisés, instruits et
rectifiés par l’ensemble des principes qui structurent le nouvel esprit scientifique. L’intuition du simultané,
celle de la localisation dans l’espace, le concept intuitif de force ou encore le principe de non-contradiction
sont autant de notions qui se voient démises de leur statut d’évidence première : elles doivent être
problématisées, soumises à la dialectique de l’esprit scientifique. Ce travail de l’intuition qu’implique la
réception philosophique de la science en acte appelle un usage nouveau de la notion de réalité. En effet, dans
la mesure où la réalité, au regard des avancées de la science contemporaine, n’est plus descriptible comme
un ensemble de choses immédiatement observables mais comme le résultat d’un processus de médiation -
dans la mesure où le monde n’est plus un ensemble d’objets, mais un ensemble de rapports - cette même
physique vient questionner à nouveau frais le statut du réalisme scientifique : que faire de la réalité lorsque
celle-ci n’est compréhensible qu’à l’occasion d’une rupture avec l’observation ou avec la représentation de
phénomènes qui préexistent au travail de l’esprit ? Ce questionnement traverse la réception philosophique
de la nouvelle physique et il faut remarquer qu’il n’a cessé de se poursuivre jusqu’à aujourd’hui. Pour
certains (Heisenberg, Cassirer, Kuhn, …) la dimension indirecte de l’objet scientifique prouve la relativité
de la connaissance scientifique, pour d’autres (Einstein, Meyerson, Weyl…), au contraire, elle est le signe
d’un travail rationnel impliquant une référence à une réalité qui préexiste à ce même travail. Les débats
contemporains qui opposent ceux qui tiennent au réalisme scientifique (Tiercelin, Psillos…) à ceux qui y
préfèrent un certain relativisme épistémique (Laudan, Van fraassen…) contiennent de nombreuses
références à cette science du début du 20eme siècle, à ce moment de l’histoire où la physique nous apprend
que la réalité n’est pas l’objet d’une intuition, mais qu’elle apparait à l’horizon d’un problème. Aussi, si l’on
considère que la frontière entre science et philosophie n’est pas une frontière hermétique mais qu’elle doit
être le lieu d’un dialogue, alors poser la question du réalisme à l’aube du 20eme, c’est poser un problème
central, historiquement fécond, et dont l’étude doit être l’occasion de nouer un « rapport de fécondation
réciproque » entre science et philosophie.

 

 

Programme

 
 

Jeudi 2 décembre

 
  • 9 h 15 : Introduction.
  • 9 h 30 : Elie During (Nanterre) : « Un réalisme scientifique tendanciel : le cas de Bergson »
  • 10h20 : Frédéric Fruteau de Laclos (Panthéon Sorbonne) : « Réalisme scientifique et philosophie de l'intellect. La paradoxologie d'Émile Meyerson »
11h10-11h30 : Pause-café.
  • 11h30: Michel Elie Martin (Nantes) : « Le Réalisme scientifique de Gaston Bachelard »
12h20 : Pause déjeuner.
  • 14h : Brice Kojio (Nanterre) : « La question du réalisme : Feyerabend lecteur de Bohr »
  • 14h50 : Jean-Luc Gautero (Nice) : « Le réalisme pluraliste chez Whitehead »
15h40-16h : Pause-café.
  • 16h-16h50 : Jean Michel Salanski (Nanterre) : « Le réalisme et la physique mathématique »
17h :Clôture de la première journée.


 

Vendredi 3 décembre


9h 15 : Accueils des participant.e.s
  • 9h30 : Quentin Serot (Nanterre) : « Bachelard et la relativité : quelle place pour le réalisme ?»
  • 10h20 : Corentin Fève (Nantes) : « Cassirer : la réalité physique à l’aune de la théorie de la relativité. »
11h10-11h30 : Pause-café.
  • 11h30 : Julien Bernard (Aix Marseille) : « L’éther : sur le réalisme à propos de l'espace et de la métrique à l'ère de la relativité »
12h20 Pause Déjeuner.
  • 14h 00 : Charles Alunni, (Ens, Ulm) : « Surréel et surationalisme chez Gaston Bachelard »
  • 14h50 :Antoine Brandelet (Mons) : « Fiction, réalisme et représentation scientifique : y a-t-il une continuité conceptuelle en physique ? »
16h Clôture du colloque.


 


 

Mis à jour le 10 décembre 2021