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Frontières du politique dans l'Antiquité
Série de quatre conférences de Étienne HELMER - Professeur au département de philosophie de l'Université de Porto Rico (E.U.), et chercheur invité à l'IREPH.
du 10 octobre 2017 au 17 octobre 2017
Mardi 10 octobre 2017
Conférence 1. Marginalisation et intégration dans la cité : éléments pour une lecture dynamique de la pensée politique de Platon
Conférence 2. Que signifie l’esclavage pour Platon ?
L’essentiel du débat académique sur l’esclavage chez Platon a porté jusqu’à présent sur la question de savoir s’il l’insérait ou non dans ses modèles de cités justes. Si la réponse est clairement affirmative dans la cité des Lois, les choses sont moins nettes dans celle de la République. Pour légitime qu’il soit, ce débat reste néanmoins limité. D’une part, il ne permet pas de faire le lien entre l’esclavage statutaire et l’usage récurrent par Platon du vocabulaire de la servitude pour désigner la condition morale de ceux en qui la partie appétitive l’emporte sur la partie rationnelle de l’âme. Bref, il ne permet pas de faire l’hypothèse d’une théorie unitaire de la servitude chez Platon. D’autre part et surtout, il ne permet pas de comprendre ce que signifie l’esclavage pour lui. Notre objet n’est pas de présenter les conditions statutaires que Platon réserve aux esclaves dans ses cités justes, mais de comprendre la fonction de l’esclavage au sein d’une construction politique théorique dont l’objet est de réfléchir au sens de la condition politique de l’animal humain, et à ce que faire la cité veut dire.
Mardi 17 octobre 2017 - Bâtiment Max Weber, 9h13h.
Conférence 3. Le philosophe-roi : sans lieu dans la cité ?
L’institution des philosophes-rois ou des philosophes-reines reste sans doute la mesure la plus massive et la plus connue de Platon pour remédier aux maux des hommes et des cités. Mais son caractère principiel ou architectonique n’est en rien une recette à appliquer. Pour Platon, la rareté de ces personnages signale surtout leur atopie foncière : leur centralité fonctionnelle va de pair avec leur marginalité structurelle dans l’édifice politique théorique du philosophe. Ce déséquilibre, qui fait d’eux le centre absent de la cité, fait ainsi de la marginalité un principe fondamental de la rationalité politique platonicienne.
Conférence 4. Les réfugiées. A propos des Suppliantes d’Eschyle
On a pu lire dans les Suppliantes d’Eschyle une pièce sur les immigrants. Je propose d’y voir plutôt une pièce sur les réfugiées, parce que ce terme, qui implique à la fois exil forcé et demande d’asile statutaire dans un autre pays, semble mieux correspondre à la situation de son protagoniste éponyme. La pièce n’est pas, toutefois, le simple portrait de ces réfugiées et de leurs difficultés. Elle n’est pas non plus, ou pas seulement, la transcription poétique des solutions politiques et juridiques qui ont pu être historiquement apportées par diverses cités, notamment Athènes, dans des situations similaires (par exemple en créant le statut de métèque). Eschyle, à mon sens, à la façon de certains philosophes contemporains comme Arendt et Agamben, fait plutôt ici du réfugié une figure politique centrale, l’enjeu d’une réflexion conceptuelle sur l’altérité, sur le rapport du Même et de l’Autre et les moyens de son inscription dans l’espace de la cité.
Mis à jour le 04 décembre 2018
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