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Journée d'études "Jean Petitot : le souci de la rationalité"

Publié le 5 mai 2015 Mis à jour le 13 mars 2018

Il s'agit de présenter certains des principaux axes de la philosophie de Jean Petitot, et d’en montrer la puissance et l’originalité : une pensée fidèle à l’idéal épistémique inauguré par Platon, où l’on tente de rendre compte des diverses faces du réel, y compris du logos lui-même, via un cadre conceptuel adéquat (un kantisme structural) ayant trouvé son expression la plus rationnelle, donc mathématique, grâce à la Théorie des catastrophes.

Date(s)

le 29 mai 2015

de 9h à 17h
Lieu(x)

Bâtiment Paul Ricoeur (L)

Salle L212
Cette journée est organisée par Olivia Chevalier-Chandeigne, chercheur associé à l'IRePh. 

PROGRAMME

9h-10h : Olivia Chevalier-Chandeigne, « Jean Petitot, un mathématicien-philosophe sur la scène de la raison ». 
Dans Morphogénèse du sens et Physique du sens, Jean Petitot poursuit le travail de mathématisation du sens entrepris par René Thom, grâce à la théorie des catastrophes (ou des singularités). Comment et à quelles conditions peut-on soumettre à la modélisation ce qui semble, par définition, y échapper ? Parvient-on ainsi à saisir sans rien perdre tout ce que le sens recèle ? Et la perte, si elle a lieu, est-elle seulement provisoire ou irrémédiable ? Nous verrons que la recherche de modélisation revient à traiter le sens comme un phénomène, conforme aux choses mêmes, mais que cette « phénoménisation » du sens n’empêche guère chez Jean Petitot de concevoir sa face nouménale, bien qu’elle reste en dehors de la mathématisation proprement dite.

10h-11h : Jean-Michel Salanskis, « Petitot et le schisme »
Je voudrais évaluer le travail de Jean Petitot en regard du schisme qui a divisé, au cours du vingtième siècle, la philosophie au plan mondial, en opposant adeptes du nouveau paradigme analytique, et conservateurs demeurés attachés à l’ancien paradigme dit “continental”. Il me semble en effet que Jean Petitot est un cas intéressant parce que, si, “techniquement”, il s’inscrit dans le “vieux style”, il reprend à son compte néanmoins plusieurs maximes régulatrices de la philosophie analytique, et en partage à vrai dire la sensibilité de diverses façons. Je voudrais examiner cette posture “borderline” dans plusieurs contextes : celui de la philosophie des mathématiques, celui de la philosophie cognitive, celui de ce qu’on pourrait appeler “l’histoire de la philosophie”, celui de la philosophie subversive française des années soixante/soixante-dix (ce que j’appelle la French Thought).


11h15-12h15 :Wolfgang Wildgen, « En cas d'une catastrophe (verbes et actance dans une perspective morphodynamique) »
Les théories des cas (Hjelmslev), des schémas actantiels (Greimas), des scénarios phrastiques (Fillmore) utilisent souvent des représentations schématiques, graphiques ou des réseaux relationnels sans pourtant théoriser la nature géométrique/topologique des systèmes sous-jacents. Leur nature dynamique, donc les forces impliquées et leurs effets/conflits restent tout à fait opaques. Les hypothèses de Thom basées sur la théorie des catastrophes ont comblé cette lacune et elles ont précisé l’intuition (chez Peirce et Tesnière) d’un lien profond avec des lois de la nature (p. e. la valence en chimie). La question de la nature de cette analogie/corrélation/interaction reste pourtant ouverte : à quel niveau théorique (ontologique) peut-on modeler et si possible expliquer les structures actantielles : au niveau physico-chimiques (lois de la nature), au niveau de l’évolution et de ses conséquences biologiques, au niveau cérébral/physiologique ou au niveau du comportement social et économique (formation des groupes et des alliances, échanges économiques et symboliques) ? Y-a-t-il une continuité morphologique comme Thom le suggère ou faut-il plutôt considérer une suite causale ? Quel rôle jouent les structures formelles utilisées dans les modèles linguistiques et sémiotiques : logique formelle, algèbre des groupes, théorie des catastrophes et du chaos ?
En général, la question d’une reconsidération et évaluation des hypothèses morphodynamiques de Thom énoncées à partir de 1968 se pose aujourd’hui, vu qu’aucune hypothèse avec la même rigueur et profondeur n’ait vu le jour en dépit du fait que presque un demi-siècle des débats ait continué le questionnement des structures fondamentales de l’énoncé linguistique. En outre les « énoncés » en images ou filmiques posent la même question sans avoir donné lieu à des réponses satisfaisantes.

Pause

Déjeuner

14h15-15h15 : Julien Copin, « Kant et le phonème »
Nous montrerons, à partir de la phonologie, comment Jean Petitot met en œuvre le point de vue transcendantal dans le champ des études structurales.
Il existe une aporie fondatrice de la phonologie, que résume la question suivante : « Comment s'articulent le réseau de discontinuités qu'est le système phonologique d'une langue (phonèmes) et les phénomènes acoustiques continus (sons) qui lui servent de substrat ? »
La théorie des catastrophes, en géométrisant les concepts de détermination réciproque et de valeur positionnelle, permet d’expliquer comment se constitue l’objectivité du phonème, au lieu de la présupposer.
Pour résoudre ainsi l’aporie fondatrice grâce à la schématisation du concept de structure, Jean Petitot s’appuie sur une lecture originale de Kant.

15h15-16h15 : Michel Olivier, « Sens et philosophie transcendantale : proto-actants catastrophistes et objets au sens de Peirce »
Je voudrais tenter de mettre en regard deux approches transcendantales de la question de la signification.
L'approche de Jean Petitot, inspirée par René Thom, cherche à schématiser mathématiquement la « région sens ». Elle repose sur l'idée que cette région ontologique est structurale, donc légiférée par les règles topologiques de l'émergence des formes stables dans un substrat. Cette approche, on le sait, légifère le sens comme contraint par 7 possibilités catastrophistes de proto-verbes.
L'autre approche, qui mérite aussi, il me semble, le qualificatif de transcendantal bien que son esprit kantien soit moins mis en avant, est celle de la sémiotique de Peirce. Cette approche ne cherche pas à schématiser mathématiquement des ontologies régionales. Elle demeure, comme Kant, à un niveau unitaire. La normativité qui y légifère l'intuition est la normativité triadique de Peirce, dont la forme, unique, est celle de l'habitude. La spécificité de cette normativité est qu'elle est de part en part herméneutique et dynamique. Elle décrit les lois d'une quête sous contrainte de fidélité à un réel non donné. Son objectivité n'a pas la stabilité de celle de Petitot.
Pause

16h30-17h30 : Conclusions de la journée par Jean Petitot






 

Mis à jour le 13 mars 2018