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NAKAYAMA Eriko
Doctorante en philosophie
Thèse dirigée par Thierry Hoquet
Titre: Aveux et confessions : le récit de soi chez Jacques Derrida
Dans la tradition métaphysique, le geste d’écrire a été considéré comme secondaire, relativement à la parole, en raison de sa distance par rapport à l’idéal de vérité. Dans De la grammatologie (1967), Jacques Derrida a mis en lumière ce qu’il appelle « archi-écriture » ou « programme » : la condition commune qui rend à la fois possible la parole et l’écriture. Cependant, étymologiquement, ces deux mots signifient « écrit avant ». Non seulement la parole mais l’écriture elle-même se construisent à partir de ce qui a déjà été écrit. Mais, en ce cas, écrire signifie-t-il copier ? Cela signifie-t-il qu’il n’y a pas de liberté dans l’écriture ? Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité lorsque l’on écrit sur soi-même. Nous l’examinerons à partir de la manière dont Derrida a compris la relation entre Jean-Jacques Rousseau et Augustin d’Hippone.
L’idée d’« archi-écriture » insiste sur le rôle de l’imagination : dans les Confessions, Rousseau pense les rapports entre écriture et masturbation. Pour Rousseau, écrire sur lui-même est un acte démocratique qui compense l’incapacité de convaincre directement les autres de son innocence ; mais écrire est aussi une compensation fantasmatique pour des rapports sexuels irréalisés. En conséquence, la question de l’écriture chez Derrida, à travers Rousseau, est envisagée comme indissociable du problème de la sexualité, autrement dit, du désir et de l’éthique.
Nous procéderons également à une comparaison entre l’approche derridienne et l’approche développée par Michel Foucault, notamment dans Les aveux de la chair (2018) ainsi que dans la série de cours sur la notion de parrhèsia. En particulier, il nous paraît intéressant de souligner que la position d’Augustin sur la sexualité n’est pas sans rapport avec sa théorie du libre arbitre qu’il formule notamment dans ses écrits sur les Manichéens. En effet, si l’érection masculine est un mouvement qui n’implique pas la volonté, comment cela s’articule-t-il à la question du libre arbitre ? L’érection est-elle un crime contre Dieu ? Augustin a été le premier à considérer le sexe comme une question d’érection plutôt que de pénétration. Foucault y voit la première tentative pour le soi comme sujet de désir et une invitation à interpréter son propre désir, ainsi qu’à découvrir sa propre vérité au sein de ce désir.
Thèse dirigée par Thierry Hoquet
Titre: Aveux et confessions : le récit de soi chez Jacques Derrida
Dans la tradition métaphysique, le geste d’écrire a été considéré comme secondaire, relativement à la parole, en raison de sa distance par rapport à l’idéal de vérité. Dans De la grammatologie (1967), Jacques Derrida a mis en lumière ce qu’il appelle « archi-écriture » ou « programme » : la condition commune qui rend à la fois possible la parole et l’écriture. Cependant, étymologiquement, ces deux mots signifient « écrit avant ». Non seulement la parole mais l’écriture elle-même se construisent à partir de ce qui a déjà été écrit. Mais, en ce cas, écrire signifie-t-il copier ? Cela signifie-t-il qu’il n’y a pas de liberté dans l’écriture ? Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité lorsque l’on écrit sur soi-même. Nous l’examinerons à partir de la manière dont Derrida a compris la relation entre Jean-Jacques Rousseau et Augustin d’Hippone.
L’idée d’« archi-écriture » insiste sur le rôle de l’imagination : dans les Confessions, Rousseau pense les rapports entre écriture et masturbation. Pour Rousseau, écrire sur lui-même est un acte démocratique qui compense l’incapacité de convaincre directement les autres de son innocence ; mais écrire est aussi une compensation fantasmatique pour des rapports sexuels irréalisés. En conséquence, la question de l’écriture chez Derrida, à travers Rousseau, est envisagée comme indissociable du problème de la sexualité, autrement dit, du désir et de l’éthique.
Nous procéderons également à une comparaison entre l’approche derridienne et l’approche développée par Michel Foucault, notamment dans Les aveux de la chair (2018) ainsi que dans la série de cours sur la notion de parrhèsia. En particulier, il nous paraît intéressant de souligner que la position d’Augustin sur la sexualité n’est pas sans rapport avec sa théorie du libre arbitre qu’il formule notamment dans ses écrits sur les Manichéens. En effet, si l’érection masculine est un mouvement qui n’implique pas la volonté, comment cela s’articule-t-il à la question du libre arbitre ? L’érection est-elle un crime contre Dieu ? Augustin a été le premier à considérer le sexe comme une question d’érection plutôt que de pénétration. Foucault y voit la première tentative pour le soi comme sujet de désir et une invitation à interpréter son propre désir, ainsi qu’à découvrir sa propre vérité au sein de ce désir.
Mis à jour le 09 octobre 2024